Une carrière riche qui lui avait notamment valu d'être anoblie par le roi des Belges Albert II, qui l'avait faite baronne en 2004.
Côté coeur, Annie Cordy avait été mariée à François-Henri Bruneau, mort en 1989 et n'avait jamais pu avoir d'enfants.
Dans Hommages
ACTUALITÉ
06/09/2020
CLAUDE BARZOTTI
« J’ai fait au moins 150 galas avec elle, assure Claude Barzotti, alors évidemment que je suis secoué par sa mort… »
Le « Rital » entretenait avec la Bruxelloise une relation d’amitié solide et durable, c’est une certitude. « Elle ne m’a jamais appelé que Barzo, raconte Claude. Et sa façon de me demander des chansons était disons assez particulière. Je te préviens, Barzo, me disait-elle, j’ai besoin de deux chansons pour mon album… Moi, je lui rétorquais : Oui, Annie, mais sur quoi, qu’est-ce que tu veux faire ? Invariablement, elle me répondait : Ça, c’est à toi de voir, tu te démerdes, Barzo ! Au total, je dois lui avoir composé 6 ou 7 chansons dont certaines écrites très vite en une heure à peine… Mais elle se les appropriait et en était fière ! Moi, je n’en retire aucun mérite, les chansons, souvent je n’ai qu’à lire le texte d’Anne-Marie Gaspard et la musique me vient toute seule comme ça très vite sans effort. Heureusement d’ailleurs, parce qu’en réalité, je ne sais rien faire d’autre dans la vie ! »
La plupart des titres qu’il a composés, Claude Barzotti a l’honnêteté de dire qu’ils sont à peu près oubliés de tout le monde, lui le premier ! « C’est vrai que je ne pourrais même plus les citer, mais il reste le souvenir de notre complicité. Elle m’a emmené six ou sept fois chez elle dans sa maison de campagne… »
Et puis, il y a quand même ces « Trois notes de musique » où Barzo, par l’intermédiaire de sa parolière, faisait chanter à Annie : « Moi, je ne fais que des chansons, je ne donne pas de leçons. »
Ce qui sonne quand même fort comme une authentique déclaration d’intention de la part d’une artiste qui n’a jamais eu d’autre prétention que de divertir, d’amuser et d’émouvoir…
AURÉLIE URBAIN
L’annonce n’a laissé personne insensible ce vendredi soir : Annie Cordy s’est éteinte à 92 ans. L’artiste belge avait notamment préparé l’un de ses albums dans notre région, en 2014. Elle a travaillé durant près de 10 ans avec Christophe Delporte, musicien de Jurbise. Il était même devenu son « chef d’orchestre » en produisant son album. Il revient pour nous sur ses années passées aux côtés d’une grande dame.
Christophe Delporte, musicien, a travaillé durant de nombreuses années avec Annie Cordy, sur scène et en studio. Le Jurbisien avait même produit son dernier album « Annie Cordy chante Noël ».
« Elle a eu une carrière bien remplie, puis elle a pris une retraite bien méritée. Elle est partie à Cannes pour se reposer. Je l’ai encore vue il y a un mois, en vacances. Elle allait très bien. Mais à 92 ans, on ne donne plus de concerts ! Je sais qu’elle avait encore des projets de feuilletons, etc. Mais plus tranquilles, pas sur scène. On croyait tous qu’elle serait centenaire, personne ne s’y attendait. C’est assez hallucinant de voir quelqu’un de 92 ans qui a encore ses facultés physiques et intellectuelles intactes. C’est magnifique pour une artiste de son calibre de partir en étant bien », commente Christophe Delporte.
Ribambelle de stars
Il se remémore avec nostalgie ses années passées sur scène avec Annie Cordy : « Avec elle, j’ai fait les plus grosses salles de France, les zéniths. Lors de « la première », il y avait toujours une ribambelle de stars au premier rang : Charles Aznavour… Ce sont des souvenirs et des rencontres fantastiques d’avoir joué avec une icône de la Belgique. On parle toujours de Jacques Brel et de Maurane, mais je pense qu’il y a aussi Annie Cordy dans le trio. C’était une grande dame du music-hall qui savait tout faire : le chant, la comédie, la danse… Sur scène, nous, ses musiciens, on devait être polyvalents et pas juste rester plantés derrière nos instruments. On était vraiment acteurs de ses spectacles. Une fois, j’ai dû m’habiller en G.I. et danser avec elle sur scène. Avec mon gabarit, c’était un peu bizarre », sourit le Jurbisien.
250 concerts par an
Il a pu jouer de nombreuses fois sur la scène de l’Olympia aux côtés de l’artiste belge : « Les artistes ont en général 30-40 dates de concerts par an. Elle arrivait à faire 400 galas les grandes années ! Elle enchaînait concerts, tournages de films, opérettes… Et avait parfois deux galas le même jour. Quand j’ai travaillé avec elle, on donnait 200 à 250 concerts par an. Je jouais exclusivement pour elle, vu tout le temps que ça prenait ».
« Annie Cordy chante Noël »
Christophe Delporte est entré dans l’équipe de musiciens d’Annie Cordy à la fin des années 1990. « Elle a monté une équipe de musiciens avec M. Frédéric Thibaut, pianiste de l’orchestre du Splendid. Elle voulait des musiciens qui participent activement à son spectacle.
Moi, je connaissais Frédéric Thibaut via Henri Dès, avec qui j’ai pas mal travaillé. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler pour Annie Cordy, seul Belge parmi une équipe de Parisiens. J
e suis resté jusqu’à la fin. J’ai joué avec elle et je l’ai aidée à produire son album « Annie Cordy chante Noël », pas financièrement mais artistiquement ».
L’album a été enregistré dans un studio de Soignies. « Comme je gérais cet album, j’ai travaillé avec des gens que je connais, dans un studio familial comme elle le voulait. J’ai rencontré Barzotti qui participait à deux chansons de l’album.
Et j’ai aussi eu Gilbert Montagné au téléphone pour ce projet. J’ai beaucoup de souvenirs qui remontent à la surface. J’étais présent quand elle a rencontré le président. Elle m’avait aussi invité quand elle a été anoblie. C’était une personne extra pétillante sur scène et dans la vie, et d’une grande gentillesse. Je reçois beaucoup de coups de fil de sympathie. On s’est appelés avec les autres musiciens, on est très nostalgiques de cette époque… »
SAM CHRISTOPHE
Décédée vendredi soir, à 92 ans dans sa « villa Dolly » à Vallauris près de Cannes,
Annie Cordy n’est pas célébrée que dans sa Belgique qu’elle aimait tant.
La France lui a rendu un hommage résolument chaleureux...
Ce samedi, tous les grands JT français (TF1, France 2…) ont commencé en évoquant la fantastique carrière de l’artiste. Même le Premier ministre Jean Castex a salué sa mémoire, qualifiant la chanteuse belge de « populaire et solaire » et même de « bande originale d’une vie faite de bonheurs simples, sincères, et communicatifs »…
Ce n’est pas étonnant, pendant plus de septante ans, Annie Cordy a été considérée par les plus grandes stars françaises comme leur égale. C’est Jean Gabin lui-même qui avait, dit-on, suggéré qu’on l’engage pour jouer à ses côtés dans « Le Chat ». Ensemble, ils parlaient de music-hall, mais surtout de bouffe et… de cyclisme ! Gabin lui répétait souvent : « Toi ? Annie, t’es une Flahute (une Flamande) et les Flahutes, ils connaissent bien les pavetons où ils sont les rois… »
Annie n’était pas la reine du macadam, mais sur les planches, personne ne pouvait lui faire de l’ombre, pas même les légendaires Bourvil ou Luis Mariano avec qui elle passera les années 50/60 à enchaîner les opérettes.
Autre figure mythique, Charles Aznavour lui vouait un profond attachement : « La seule chose qui nous différencie, a un jour dit le chanteur légendaire, c’est que lorsqu’elle se fâche, elle retrouve l’accent belge ! Ça ne lui arrive que très rarement d’être en colère mais c’est toujours très drôle à cause de ça… »
Alain Delon, autre monstre sacré s’il en est, l’appréciait aussi, sinon, il n’aurait jamais accepté de tourner une scène de théâtre avec elle, en novembre 1977, quasi sans répéter. Cette scène du « Bel indifférent » de Jean Cocteau a été mise en boîte pour un show des Carpentier. Annie n’en parlait guère, à peine disait-elle que le tournage avait été si rapide qu’elle avait ressenti le trac comme jamais! Delon avait dit, lui, n’avoir jamais eu autant de plaisir à jouer… d’autant plus que contrairement à Annie, il avait peu de texte à dire : son rôle était muet !
On pourrait aussi évoquer Frank Dubosc, Michel Serrault, Michel Blanc, Jacques Higelin, Jean-Pierre Cassel ou Michel Galabru… Tous témoignaient du grand talent de la seule artiste qui pouvait passer de la tragédie la plus noire à « Tata Yoyo » et à la « Bonne du curé » sans perdre sa crédibilité. Son seul défaut était peut-être lié à sa belgitude, Annie Cordy n’aimait pas la ramener… «Elle ne se laissait pas faire, se souvient Thomas Van Hamme qui l’a interviewée longuement. Elle m’a parfois remis à ma place toujours avec gentillesse et bienveillance. Mais je suis sûr qu’elle n’aimait pas qu’on lui tisse des lauriers, elle n’aimait pas d’évoquer le passé. Elle lui préférait le présent et l’avenir.»
La ville de Bruxelles ouvre un registre de condoléances, dès lundi matin, à l’hôtel de ville. Les obsèques seront célébrées le samedi 12/9 à Cannes, au cimetière Abadie. elle sera inhumée dans le caveau familial.
C’est une grande dame qui s’est éteinte, hier à Vallauris (France). « Grande » non par la taille et son mètre soixante mais par son talent. Annie Cordy n’était pas que l’interprète de la Bonne du curé ou de Tata Yoyo. Elle incarnait ce que la Belgique avait de mieux. Elle s’est éteinte à 92 ans.
La première image qui nous vient quand on parle d’Annie Cordy, c’est cette chanson, « Tata Yoyo ». Non, elle n’était pas du grand Jojo mais qu’est-ce que l’artiste a bien pu nous faire rire avec son accoutrement surréaliste. Elle incarnait cette Belgique un peu folle, surréaliste justement. Née Léonie Cooreman le 16 juin 1928 à Schaerbeek, « Nini la Chance » s’est éteinte hier, aux alentours de dix-huit heures. Sa famille a annoncé à l’Agence France Presse qu’elle avait fait un malaise dans sa demeure de Vallauris, dans les Alpes-Maritimes. Elle serait morte d’un arrêt cardiaque. Elle avait donc nonante-deux ans. « Les pompiers sont arrivés très vite, ont tout tenté pour la ranimer. Elle est partie en quelques minutes », a indiqué Michè Lebon, sa nièce qui vivait avec elle depuis des années.
Parler de sa carrière prendrait tout le journal tant elle a été prolifique. Véritable touche-à-tout, la petite Annie avait soi-disant une constitution fragile. À même pas vingt-deux ans, après avoir été remarquée à Bruxelles par le directeur artistique du Lido, elle se lance pourtant à Paris où elle est engagée comme meneuse de revue.
Les succès vont vite s’enchaîner. On la voit sur les routes du Tour de France, dans des opérettes puis c’est la chanson qui la fait virevolter. Rien ne l’arrête. On la retrouve aux côtés de monuments, comme Bourvil. Le cinéma lui ouvre ses bras. Là aussi, elle joue avec les plus grands. Bourvil encore lui et de Funès dans « Poisson d’avril », Henri Salvador dans « Bonjour sourire ». Elle chante même pour les fiançailles de Grace Kelly et du prince Rainier de Monaco. Tout lui réussit, que ce soit au music-hall, à la télé, au cinéma ou sur la scène.
Pourtant, elle gardera toujours en elle une tristesse, celle d’avoir perdu l’homme de sa vie, François-Henri Bruno. Celui qui fut à la fois son époux et son impresario. Il décède le 9 février 1989 à leur domicile de Bièvre, en France. « Annie, c’était un rire énorme qui pouvait être suivi par un silence de 15 secondes avant que le rire ne revienne », résume Salvatore Adamo à qui nous avons appris la mauvaise nouvelle.
On se souviendra aussi qu’Annie fut faite baronne par l’un de ses plus fidèles admirateurs, le roi Albert II. C’était le 11 octobre 2004. Sa devise la résumait parfaitement : « La passion fait la force ».
Annie Cordy était connue pour ses chansons, bien sûr : Tata Yoyo, La Bonne du Curé, etc. Mais elle n’était pas que chanteuse, loin de là. On se souviendra qu’elle a également joué dans de très nombreux films. Sa carrière au cinéma est impressionnante et remarquable. Elle débute dans les années 50 sous la houlette de Sacha Guitry, qui la fera jouer dans « Si Versailles m’était conté » aux côtés de Gérard Philippe, Jean Marais, Edith Piaf et Bourvil ! Un petit rôle, il est vrai, mais comme début, on a fait pire ! Elle tournera ensuite avec les plus grands réalisateurs, notamment Claude Chabrol, en 1970, dans La Rupture, aux côtés de Jean-Pierre Cassel et Michel Bouquet. Elle était demandée par les réalisateurs les plus en vue : Gérard Pirès, Jeannot Szwarc, Alain Resnais, Richard Borhinger, etc. Plus récemment, en 2015, Jean-Paul Rouvre lui offrit un très joli rôle dans Les Souvenirs, film tendre dans lequel elle interprétait une grand-mère qui s’échappe de sa maison de retraite. Mais Annie Cordy, c’est aussi une vingtaine de téléfilms et autant de séries télé, parfois confidentielles, certes, mais dans lesquels on ne pouvait pas la rater. Truculente, drôle, un peu loufoque, elle était taillée pour le petit et le grand écran. Elle a côtoyé les plus grands, leur volant la vedette parfois ! Annie Cordy savait tout jouer, et son aisance dans tous les registres – du plus léger au plus grave – était unanimement saluée. En 2019, elle a d’ailleurs reçu un prix d'interprétation à Cannes pour sa performance dans Les Jouvencelles, de Delphine Corrard.
Annie Cordy a traversé les générations. Enfant, mes camarades de classe et moi avions dansé sur « Tata Yoyo » au spectacle de l’école. Nous avions quatre ans. Mon grand-père l’aimait bien, il la trouvait jolie quand elle passait à la télé. Mes parents l’aimaient aussi : à la maison, nous avions ses disques en 45 tours. Comme tout le monde, à l’époque ! Annie Cordy faisait partie du paysage. Aujourd’hui, il m’arrive de passer certaines de ses chansons pour amuser mes enfants, qui s’en donnent à cœur joie sur « chaud cacao ». Mais il serait réducteur de résumer Annie Cordy à ces quelques chansons comiques. Annie Cordy, c’était une grande. C’est la bonne du curé devenue Baronne, anoblie par le Roi en 2004. C’est la chanteuse d’opérettes devenue un monument national. C’est l’histoire de la petite Belge qui monte à Paris et qui rafle tout sur son passage. Et qui a même fait de l’ombre aux plus grands, elle si lumineuse ! Cinéma, chanson, télévision, concerts… Elle était partout. Même si elle vivait en France, c’était notre meilleure ambassadrice ! Dans le documentaire « Moi, Belgique », qui retrace l’histoire tumultueuse de notre pays, c’est elle que l’on retrouve à la narration, de sa voix reconnaissable entre toutes. Qui d’autre ! Notre meilleure ambassadrice, donc. Ou en tout cas la plus chouette. Annie Cordy était tellement omniprésente qu’elle semblait immortelle. Elle s’est éteinte ce vendredi à l’âge de 92 ans. « Ça ira mieux demain », chantait-elle. Non, pas demain…
NOUS LUI AVONS APPRIS LA (MAUVAISE) NOUVELLE
nouvelle. « Vous me prenez à chaud… ou plutôt à froid », lâche le chanteur, acteur qui demandera, pendant l’interview, d’avoir un petit peu de temps pour reprendre sa respiration. Cette nouvelle le touche énormément. « Annie, c’était un monument à tous les niveaux. Il y avait son côté bienveillant, son côté humoristique, son côté surréaliste à la belge… cela me fait bizarre de parler d’elle au passé ».
« Un clin d’œil »
Salvatore regorge d’images. « Elle a toujours été mon modèle. Il n’y a pas longtemps, j’ai encore dit d’elle qu’elle était un modèle de professionnalisme absolu. En 1962, je n’étais pas très connu. Elle m’avait pris en première partie d’un concert à Uccle. Elle était grippée mais j’étais émerveillée de la voir depuis les coulisses. Elle faisait un numéro avec un bleu de travail, en salopette. Elle était allongée par terre, elle toussait… puis m’a adressé un clin d’œil. Je ne l’ai jamais oublié ».
Récemment, il a participé à un hommage consacré à Annie. « Il est passé il n’y a pas longtemps à la télé mais je ne sais plus sur quelle chaîne. Annie… holala », lâche le chanteur qui ajoute : « C’était une excellente comédienne. Dans le cinéma, elle allait dans ce qu’elle n’osait pas trop faire ailleurs : dans la tragédie. C’est là qu’on a vu l’ampleur de son talent. Laissez-moi soupirer un peu… »
« C’était ma marraine », nous apprend-il. « Elle m’avait emmené à une émission qui s’appelait l’École des Vedettes. C’était en 1963. L’animatrice était Aimée Mortimer, une grande figure de la télévision française. Annie m’a présenté, je n’étais pas connu du tout. Deux ans plus tôt, dans la même émission, c’était Line Renaud qui présentait Johnny… »
Salvatore se souvient de ces journées et soirées passées dans un hôtel près de Montpellier, avec une piscine. « C’est là que les artistes de passage dans la région se retrouvaient. Je l’ai rencontrée à plusieurs reprises, elle était avec son mari, « Bruno », un Italien. Comme nous rentrions à des heures indues et que le restaurant était fermé, il nous préparait des pâtes. Elle était très attachée à lui. Elle a gardé son deuil toute sa vie. Bruno, c’était son miroir, son protecteur. Elle a gardé cette blessure en elle. Il y avait son rire particulier… puis il y avait 15 secondes de silence. Ensuite, elle repartait ».
Le Jemappois s’inquiète de ses funérailles. « Je ne pourrai sans doute pas y aller. Je suis revenu des Alpes-Maritimes. Je dois observer une quatorzaine. Lundi, je passe le test… mais c’est peut-être mieux que je n’y aille pas, de toute façon. Je vais être triste pendant quelques jours, puis je me souviendrai du reste ».
SA DERNIÈRE INTERVIEW À SUDPRESSE
Il y a 2 ans, le 7 juillet 2018, à l’occasion de ses 90 ans, la chanteuse et comédienne belge feuilletait avec nous le livre de sa vie. Après avoir débuté au « Bœuf sur le toit », à Bruxelles, la belle Laekenoise a poursuivi sa route à Paris et à travers la France. Le succès ne l’a plus jamais quittée. Mais Nini n’a jamais oublié de revenir saluer ses amis belges. Annie Cordy est une icône. Une élégante icône de la belgitude. Et avec sa joie de vivre et son optimiste, l’une des meilleures ambassadrices de notre pays et notre culture.
Rendez-vous à l’Hôtel Métropole, Place De Brouckère, à Bruxelles. « J’ai chanté à l’Hôtel Métropole. Avec un orchestre, je chantais toutes les chansons américaines. (…) C’était très chouette ! J’avais 17 ans. C’est un bon souvenir. Du moment que je travaille, je suis contente. »
Annie commande un café. Nous aussi. « Allez, trinquons ! », nous lance-t-elle. « On peut trinquer avec un café ? », lui demandons-nous. « Mais oui ! Allez, trinque ! » On se regarde et on se sourit. Annie a le regard émeraude qui pétille. Et ce joli sourire ne la quittera pas de toute la rencontre. Sous le regard attentif de ses deux caniches blancs, Fleecy et Fluffy, la Bruxelloise, qui vit à Cannes depuis 2014, nous ouvre son cœur.
Vous venez d’avoir 90 ans. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
90 ans ? Ça ne change rien à ma façon d’être. Au contraire ! Ce n’est pas que je m’attache plus à la vie mais je profite de choses dont je n’ai peut-être pas eu le temps de profiter quand je faisais mon métier comme une dingue, comme une saltimbanque : les kilomètres, la radio, rentrer, repartir…
De quoi profitez-vous davantage ?
D’abord de ma filleule Mimi, la fille de ma sœur, qui m’accompagne. Je n’ai plus d’autre famille. Mais j’ai des amis que je retrouve.
Depuis 2014, vous vivez à Cannes. Qu’aimez-vous sur la Côté d’Azur ?
La Côte d’Azur, justement ! Même quand il flotte ! Moi j’adore un bon coup de flotte. Ça me rappelle de toute façon ma Belgique, c’est déjà pas mal. Je n’aimerais pas vivre dans un pays où le soleil tape toujours. Du soleil et une bonne flotte de temps en temps – ça rafraîchit, c’est bien –, c’est le climat idéal. J’ai de belles descentes de fleurs. Ma maison est en hauteur et mon jardin descend.
À quoi ressemble votre vie aujourd’hui ?
Elle est calme. Je sors, je plonge dans ma piscine, je sors… C’est le pied ! Et puis, je peux aller au marché où je connais tout le monde. Je continue aussi mes étirements.
Vous faites toujours de la peinture ?
Non, mais je vais m’y remettre. (…) J’aime bien faire les visages. L’œil est très important. Parce que je mets une petite touche de blanc et votre regard n’est plus du tout le même et votre expression non plus. Ça, c’est fantastique !
Que vous inspire le coup d’œil dans le rétroviseur ?
Purée, j’ai fait tout ça ? Et je continue ma route pour aller vers 91, 92, 93… Je suis étonnée d’être toujours là, d’avoir des gens que j’aime autour de moi et un public fidèle. Les gens dans la rue me lancent : « Salut Annie ! Ça va bien ? Fais attention à toi ! »
Quelle image aimeriez-vous que les gens gardent de vous ?
Ma bonne humeur, ma joie de vivre, mon amour de la vie…
LE GRAND JOJO TRÈS ÉMU
Le chanteur de « Jules César », 84 ans, était l’un des grands amis d’Annie Cordy. « On était vraiment très amis », nous confie, très ému, le Grand Jojo, hier soir. « Annie vivait en France, mais quand elle venait à Bruxelles, elle retrouvait cet accent belge qu’elle n’avait jamais oublié. »
« La dernière fois qu’on s’est vu, c’était il y a deux ans à l’Ommegang, sur la Grand-Place de Bruxelles. Je lui ai remis des fleurs pour son 90 e anniversaire. On est tombé dans les bras l’un de l’autre. On était vraiment heureux de se revoir. Je l’ai quand même connue très jeune. Elle habitait Laeken et moi Koekelberg. C’était comme une voisine et elle commençait une carrière extraordinaire. »
« Elle m’envoyait ses vœux pour la nouvelle année. Cet été, je lui ai envoyé une vidéo pour lui souhaiter bon anniversaire. Elle m’a répondu en m’envoyant une belle photo pour mon musée. »
« Elle était encore bien… Mais apparemment, elle aurait eu un accident cardiaque. C’était une très grande dame ! »
LES STARS PLEURENT ANNIE CORDY
De nombreuses personnalités ont témoigné de leur attachement à celle que ses amis appelaient «Nini».
«Ce soir je suis un enfant qui pleure… Je veux lui crier combien je l’aime, pour toujours », a expliqué Frédéric François dans un émouvant message sur Facebook.
«Annie était mon amie de toujours. J’ai tellement de souvenirs à ses côtés. Nous avons tant ri toutes les deux ! Tu vas terriblement me manquer ma Nini», a commenté Line Renaud.
«Elle avait des problèmes de mémoire, je ne suis pas très surpris, mais profondément triste. Je suis défait. Annie, je l’aimais tendrement», a réagi son ami, le chanteur Dave sur BFMTV.
Enfin, pour notre Première ministre Sophie Wilmès, « Annie Cordy était une artiste accomplie dont l’humour et la joie de vivre représentaient si bien cette « belgitude » que l’on aime tant... Elle nous manquera terriblement. »
CHARLOTTE VANBEVER
« J’ai encore eu Annie au téléphone au début de l’été pour son anniversaire. Elle était très bien. Je ne m’y attendais pas du tout ! », nous confie Frédéric François. Le plus romantique des chanteurs belges avait ce rituel avec Nini : l’appeler pour son anniversaire et pour les fêtes de fin d’année. Hier soir, ça a donc été le choc. « C’est mon fils qui m’a averti car l’annonce de son décès circulait sur Internet. Je lui ai dit que cela devait être une mauvaise blague. Mais finalement non… »
Annie et Fredo, il y a quelques semaines, s’étaient promis de se voir prochainement. « Malheureusement, ça ne se passe pas comme ça dans la vie. Elle était super heureuse que ce jour-là, j’ai pensé à elle pour son anniversaire » Tout comme Fredo, lui, avait été comblé, le 12 octobre dernier, quand Annie Cordy est sortie de sa retraite pour lui souhaiter un joyeux anniversaire scénique. « Pour mes 50 ans de carrière, elle était apparue dans une vidéo projetée au Grand Rex ! » Frédéric François n’oubliera jamais le geste d’amitié d’Annie. « Elle ne faisait plus d’apparition publique depuis longtemps et là, elle a dit : « je le fais pour Fredo ! ».
Elle était comme ça, Nini : « fidèle en amitié et tellement gentille. C’est rare dans ce milieu où les gens se croisent, se disent bonjour, mais elle, était une vraie fidèle. Et puis, c’était un véritable clown. Sur scène bien sûr, mais surtout dans la vie ! C’est elle qu’on aurait dû appeler madame 100.000 volts ! ». Ce lien particulier entre le petit Fredo et Annie Cordy s’est tissé au « tout début des années 80 », se souvient le chanteur. « On se croisait dans les émissions télé – l’un de mes plus beaux souvenirs avec elle est un passage chez Pascal Sevran, je devais avoir 25 ou 27 ans, et nous avions chanté Visa pour l’amour – mais c’est mon attaché de presse de l’époque qui m’a réellement présenté Annie. À partir de ce moment-là, on est devenu plus intimes. »
Si bien que lorsque Frédéric se produisait à l’Olympia, Annie faisait toujours partie des invités privilégiés autour du dîner qui suivait le spectacle. Pour Fredo, c’était un honneur. « J’invitais C Jérôme, la compagne de Brel et Annie, qui répondait toujours présente. On passait des soirées extra avec elle. J’ai conservé de nombreuses photos de nos dîners, qui se trouvent dans mon studio d’enregistrement. Je les regarde souvent et, comme ça, Annie est toujours avec moi… »
Avec Christophe Delporte.
Christophe Delporte, musicien de Jurbise, a travaillé durant de nombreuses années avec Annie Cordy, sur scène et en studio. Le Jurbisien avait même produit son dernier album « Annie Cordy chante Noël » en 2014.
« Elle a eu une carrière bien remplie, puis elle a pris une retraite bien méritée. Elle est partie à Cannes pour se reposer. Je l’ai encore vue il y a un mois, en vacances. Elle allait très bien. Mais à 92 ans, on ne donne plus de concerts ! Je sais qu’elle avait encore des projets de feuilletons, etc. On croyait tous qu’elle serait centenaire, personne ne s’y attendait. C’est magnifique pour une artiste de son calibre de partir en étant bien », commente Christophe Delporte.
Il se remémore avec nostalgie ses années passées sur scène avec Annie Cordy : « Avec elle, j’ai fait les plus grosses salles de France, les zéniths. Sur scène, nous, ses musiciens, on devait être polyvalents et pas juste rester plantés derrière nos instruments. On était vraiment acteurs de ses spectacles. Une fois, j’ai dû m’habiller en G.I. et danser avec elle sur scène. Avec mon gabarit, c’était un peu bizarre », sourit le Jurbisien.
Triste nouvelle pour le monde de la chanson et du cinéma : la populaire Annie Cordy est morte le 4 septembre 2020. La star belge, faite baronne en son pays, avait 92 ans. On lui doit des tubes comme "Tata Yoyo" ou "La bonne du curé".
Le monde du spectacle en deuil : Annie Cordy est morte. C'est une bien triste nouvelle que relate Nice-Matin. Selon leurs informations, la star a été "retrouvée chez elle par les pompiers, appelés vers 19h30 pour un malaise à son domicile, situé chemin du Séminaire à Vallauris." Malheureusement, sur place, ils ont constaté un arrêt cardiaque.
Annie Cordy était née le 16 juin 1928 à Laeken, au Nord de Bruxelles en Belgique. La star, de son vrai nom Léonie Cooreman, aura très vite le goût des arts grâce à sa maman qui l'avait inscrite à la danse puis au piano et au solfège. Pas de mystère alors qu'elle se lance dans une carrière dans le show-business ! Après un bref début sur la scène bruxelloise en 1950, c'est en traversant la frontière et en posant ses bagages en France qu'elle rencontrera le succès. Elle sera très vite embauchée comme meneuse de revue par le Lido puis par l'ABC. Elle mènera alors une carrière de touche-à-tout comme chanteuse, actrice, artiste de music-hall...
Côté musique, elle a enregistré plus de 700 chansons et offert des tubes incontournables comme Tata Yoyo, La bonne curé ou encore Cho Ka Ka O. Des chansons festives qu'elle défend sur scène - dans des salles mythiques comme l'Olympia et Bobino - et à la télévision avec une énergie folle, en véritable showgirl de l'époque. Elle s'offre des danseurs, des chorégraphies et des costumes clinquants. Elle se produira aussi avec des opérettes comme La Route fleurie et Tête de Linotte mais aussi dans des comédies musicales notamment avec l'adaptation française de Hello, Dolly !.
Annie Cordy avait plusieurs cordes à son arc et était également actrice sur les planches, à la télévision et au cinéma. Au théâtre, elle avait joué sa première pièce, Madame Sans Gêne, en 1981 et sa dernière, Laissez-moi sortir, en 2011. Sur le petit écran on avait pu la voir dans Une mère comme on n'en fait plus, Je retourne chez ma mère, Le refuge, Fabien Cosma, Le Tuteur ou encore Scènes de ménages, Chefs... Il y avait aussi le grand écran où sa carrière avait commencé en 1953 et qui compte une quarantaine de films. Parmi ses plus gros succès figurent Les herbes folles, Le crime est notre affaire, Disco, Tamara 2... Les plus attentifs auront aussi reconnu sa voix derrière le personnage de Grand-mère Feuillage dans le film de Disney Pocahontas.
Une carrière riche qui lui avait notamment valu d'être anoblie par le roi des Belges Albert II, qui l'avait faite baronne en 2004.
Côté coeur, Annie Cordy avait été mariée à François-Henri Bruneau, mort en 1989 et n'avait jamais pu avoir d'enfants.
Interview Idoles Mag (cliquez sur la photo)
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