Le chef Jean Cayer n’est plus
Gilles Bordonado
Longtemps reconnu comme l’icône par excellence de la gastronomie à Terrebonne, le chef Jean Cayer est décédé ce 21 mars 2014.
Il avait 82 ans.
Propriétaire-fondateur en 1982 du restaurant français L’Étang des Moulins, dans le Vieux-Terrebonne, Jean Cayer a attiré chez lui nombre de vedettes à ses tables, dont le chanteur Claude Barzotti qui, devenu son ami, avait glissé un mot sur lui dans l’une de ses chansons. Inversement, un plat de pâtes portait le nom de Barzotti à L’Étang. Au coin de Saint-Louis et des Braves, la maison ancestrale Roussil accueillait cette adresse au cachet unique reconnue par Le Debeure, réputé guide gourmand québécois.
Épuisé par des années de travail, il avait cédé l’entreprise à sa fille Violaine. Finalement, le restaurant changera de main, l’adresse de nom, avant de fermer définitivement sous cette forme. C’est maintenant la Chocolaterie du Village qui occupe la célèbre adresse. Jean Cayer, sa fille Violaine et son conjoint avaient repris le collier en ouvrant le bistro L’Escale gourmande à la Place Versailles. Son menu et sa vinaigrette célèbre y font toujours la joie de ses convives.
En 2012, Richard Belleville a signé la biographie «Le Cayer de la restauration». On y apprend que ce chef hors du commun a pratiqué mille et un métiers avant de suivre une formation culinaire à l'École des arts et métiers. Il raconte qu’en 1965, Cayer devint propriétaire d’un petit restaurant de 30 places niché au haut d'un immeuble du centre-ville de Montréal, Le Pickwick. Ce lieu fut fréquenté par Michel Tremblay, Dominique Michel, André Montmorency, Gilles Pelletier, Francine Grimaldi, René Lévesque et bien d’autres. Plusieurs lui resteront fidèles, se déplaçant à Terrebonne pour déguster des plats signés Cayer.
Le comédien et producteur Jean-Bernard Hébert, qui l’a bien connu et qui avait gardé contact avec lui, a mentionné que M. Cayer «était un épicurien qui avait voyagé à travers le monde, et dont les voyages inspiraient sa cuisine. C’était un personnage haut en couleurs qui avait le plaisir de la découverte. Avec les comédiens des pièces d’été que nous jouions au Théâtre du Vieux-Terrebonne, nous nous rendions souvent sur place et il nous accueillait toujours chaleureusement. J’ai souvenir qu’inspiré d’un retour du Moyen Orient, Cayer nous avait servi un couscous monumental. Le Québec vient assurément de perdre l’un de ses plus grands chefs», de conclure M. Hébert.
La Revue offre ses condoléances à sa fille Violaine, sa famille et ses amis. Selon ses volontés, M. Cayer a été incinéré sans aucun service religieux.