Interview France Soir magazine
Claude Barzotti :
"Je ne suis pas raciste !"
L'éternel crooner « rital » déchaîne les passions dans le Tarn avec la découverte d'une de ses chansons aux paroles nauséabondes. Il s'explique.
Des paroles racistes dans lesquelles il est impossible d'entrevoir un quelconque deuxième degré. Dans La France est aux Français, enregistrée en 1999, Claude Barzotti chante : « Où est passé Paris ? C'est Casa, Djibouti, y a plus que des métèques de La Roquette à Barbès. » Et d'enfoncer le clou : « Maintenant, ça suffit ! Retournez donc chez vous. Barrez-vous ! Cassez-vous ! » A Lavaur, dans le Tarn, où l'interprète du Rital doit inaugurer ce soir la halle de l'Occitanie, des élus PCF d'opposition crient au scandale après avoir trouvé ce titre sur Internet. Claude Barzotti, 58 ans, aurait-il franchi la ligne rouge ? Il s'explique.
France-Soir. Dans quel contexte a été enregistrée La France est aux Français ?
Claude Barzotti. C'est une maquette ! Cette chanson est extraite d'une comédie musicale qui n'a jamais vu le jour et dont j'ai composé l'intégralité des titres. Comme je le fais pour toutes mes compos, j'ai posé ma voix témoin dessus afin que les artistes puissent apprendre les paroles.
F.-S. Elle raconte quoi, cette comédie musicale ?
C. B. La vie de banlieusards qui vivent ensemble avec des cultures et des religions différentes. C'est un peu l'histoire d'amour de mes parents. Quand ma mère est tombée enceinte, mon père, qui n'avait pas d'argent, a dû émigrer en Belgique pour travailler. Il n'a connu mon frère aîné que trois mois après sa naissance.
F.-S. Quel est le rapport avec le texte raciste de La France est aux Français ?
C. B. Il y a plusieurs personnages dans cette comédie musicale. Un producteur, très intéressé par ce projet, souhaitait que l'un d'eux soit un extrémiste. C'est pour cela qu'il y a La France est aux Français. Comment voulez-vous, alors que je suis étranger, que je puisse la chanter ? Je ne vais pas me démolir moi-même. Je ne suis pas raciste ! Le communiste qui crée cette polémique dans le Tarn n'est quand même pas très intelligent ! Déjà qu'il n'y en a plus beaucoup...
F.-S. Comprenez-vous que le public puisse être choqué ?
C. B. Bien sûr ! Je ne sais pas comment cette chanson a pu se retrouver sur Internet. La Sabam (l'équivalent de la Sacem, qui gère les droits d'auteurs) a porté plainte plusieurs fois. Le titre disparaît du Net mais finit toujours par réapparaître.
F.-S. Savez-vous que La France est aux Français est utilisée comme hymne par certains extrémistes ?
C. B. Elle a même été diffusée lors d'un colloque de Jean-Marie Le Pen. Je ne peux rien faire malheureusement. Je le déplore. Je suis impuissant devant tout ça. Ça me rend triste.
F.-S. Où vous situez-vous politiquement ?
C. B. Je suis apolitique, ni de gauche, ni de droite. J'avoue cependant que la montée de l'extrémisme me fait peur. C'est inimaginable.
F.-S. Fin juillet, des ennuis de santé vous ont contraint à annuler certains concerts. Comment allez-vous aujourd'hui ?
C. B. Beaucoup mieux. J'ai fait une petite dépression, j'ai énormément douté... Sony Music vient de confirmer la sortie de mon nouvel album, le 15 octobre. Ça fait neuf ans que j'attendais ça ! Et il y aura aussi un best of avec quatre inédits et des concerts.
F.-S. L'alcool, vous en êtes-vous sorti ?
C. B. L'alcool, c'est une merde ! C'est inguérissable. Dès que j'étais déprimé, je me jetais sur la bouteille. C'est un combat quotidien. Ça fait sept semaines que je n'ai pas bu une goutte d'alcool. Puis je me suis mis au régime pour perdre quinze kilos. J'en ai déjà perdu quatre en une semaine.
Par Propos recueillis par Loïc Torino-Gilles C'est sur France Soir !