" Un jour, je m'en sortirai vraiment "
Claude Barzotti évoque ce mardi, avec Stéphane Pauwels, son combat contre l'alcool. Un problème qu'il évoque également avec nous, avec une totale sincérité.
Le nouvel album de Claude Barzotti UNE AUTRE VIE est conduit par une chanson aux senteurs autobiographiques incontestables : Je reviens d'un voyage, Où il dit : "J'ai jeté mes bouteilles à la mer..." Ce qui est plus facile à chanter qu'à faire.
Le combat quotidien contre l'alcoolisme du célèbre Rital sera aussi le sujet de Stéphane Pauwels dans Les Orages de la vie de ce mardi 24 janvier. Un combat dont il nous a parlé aussi.
Le plus souvent, les gens qui souffrent de ce problème le cachent...
" Je n'en ai pas toujours parlé. Mais quand j'ai enregistré ma chanson, je savais que je devais l'assumer. Il y a une chose qui m'a libéré: on m'a fait comprendre que c'était surtout une maladie. Une maladie très grave dans la mesure où on n'a trouvé aucun médicament pour la soigner. Aujourd'hui, on traite certains cancers. Même les drogués ont des médicaments qu'ils prennent comme s'ils souffraient d'un banal mal à l'estomac. Contre l'alcool, il y aura peut être, dans dix ans ou dans vingt ans, un médicament qui aidera les gens à s'en sortir. Mais à présent, ils n'ont jamais rien trouvé"
Vous avez toujours été un bon buveur?
" Je ne buvais même pas du Coca ! Rien que de l'eau ! J'ai bu mon premier verre de vin à 33 ans, à Paris, à l'occasion d'une remise d'un disque d'or.
Après , j'ai été conduit à l'alcool par le stress. Celui de monter sur scène, notamment. J'aimais prendre un whisky juste avant. Puis ce fut l'escalade. Modérément au début, je prenais un deuxième whisky, puis un troisième... mais je n'étais pas alcoolique pour la cause. C'était le temps des après-spectacles dans les restaurants... Je prenais des cuites solides avec à peine quelques verres. Pour une raison toute simple: je n'avais pas l'habitude de l'alcool. Je devenais un bon ivrogne, mais pas encore un alcoolique."
C'est venu progressivement ou vous avez plongé ?
" J'ai plongé ! J'ai commencé à me sentir mal quand j'ai appris que ma mère était atteinte d'un cancer au foie, elle qui n'a pas touché un verre d'alcool de sa vie. C'est la même époque - en 1997 - qu'une fille m'a traîné devant la justice en m'accusant de l'avoir violée. J'ai été acquitté et cela a été confirmé en appel. Mais cette fille m'a tué ! J'avais à assumer ça et le problème de ma mère en même temps ! Et ça fait vraiment mal quand votre fille, à 6 ou 7 ans, rentre de l'école en vous demandant : " Papa, c'est quoi, un violeur ?" Là, vraiment, j'ai chuté."
Vous avez dit que vous en êtes arrivé à six bouteilles de whisky par jour. C'est une formule de style ou la vérité?
" La vérité! J'étais très loin. Il est arrivé que je titube sur scène. Voici trois ans, dans une émission de Patrick Sébastien, je tremblais de tout mon corps."
Vous en avez conscience?
" Bien sûr ! Je n'arrivais plus à boire de la soupe avec une cuillère ! Mais ça c'est vraiment fini. Aujourd'hui, avant de monter sur scène, je ne touche plus à une goutte d'alcool. Il n'y a plus de restaurant après les spectacles et je rentre immédiatement à l'hôtel. Et quand je suis bien, ça ne me dérange absolument pas qu'on boive en ma présence. Le problème n'est pas là. Fondamentalement, je n'aime pas l'alcool. Le problème est résumé par un dicton Qui a bu boira... Mais maintenant, lorsque ça me reprend, je bois chez moi, seul . Je n'emmerde plus personne. Sauf ma famille, j'en suis évidemment conscient."
Vous avez essayé les alcooliques anonymes?
"Je les respecte énormément. Mais en ce qui me concerne, il faudrait trouver un autre A : dans mon cas, être anonyme, c'est difficile. En outre, leur système consiste à beaucoup parler de son problème et personnellement, ça aurait plutôt tendance à me ramener à la boisson à faire l'effet contraire. Quand ça me reprend, je fais une cure de cinq semaines dans un hôpital. C'est loin d'être un hôtel trois étoiles. C'est un sevrage immédiat, avec des médicaments pour aider à le supporter. C'est vraiment très dur. Ils prétendent que 30% des gens qu'ils soignent ne retombent jamais. Je crois que ce sont des chiffres exagérés: je ne suis pas sûr qu'il y ait 10% de réussites. Parmi les gens avec lesquels j'ai gardé un contact, tous sont retombés quasiment tout de suite mais il n'y a pas d'autre solution"
Si quelqu'un ayant ce problème vous demande conseil ?
je lui dirai surtout qu'il n'y a aucune honte à entrer en cure. Et de tout mon cœur, je suis persuadé qu'un jour, je m'en sortirai pour de bon."
Interview Eddy Przybylski