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 CLAUDE BARZOTTI   23 juillet 1953   -   24 juin 2023   

Claude Barzotti "Le rital" a tiré sa révérence

Le 25/06/2023 0

Dans Articles de presse

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Le compositeur et chanteur belgo-italien souffrait d’un cancer généralisé. Il est décédé chez lui, à Court-Saint-Etienne. On se souviendra notamment de ses deux énormes tubes dans les années ‘80 : « Madame » et « Le rital ».  

 

Barzotti deces 01

 

Le chanteur de « Madame » voulait finir ses jours chez lui Claude Barzotti était âgé de 69 ans 

NICOLAS DEWAELHEYNS

Le c ompositeur et chanteur belgo-italien Claude Barzotti, connu notamment pour les tubes « Madame » et « Le rital », s’est éteint ce samedi 24 juin à son domicile de Court-Saint-Etienne, à la suite d’un cancer généralisé.  

Barzotti deces 02

Celui qui s’appelait encore Francesco Barzotti était né le 23 juillet 1953 à Châtelineau. Ses parents avaient quitté l’Italie, alors en crise. « Et à deux ans et demi, on est parti en Suisse », racontait-il à André Manoukian sur le plateau de l’émission « La vie secrète des chansons ». Et quelques mois après, la police est venue nous chercher pour nous rapatrier en Italie parce qu’on n’avait pas de passeport. »

Lorsque Francesco fête ses 6 ans, ses parents reviennent en Belgique. « À 6 ans, mes parents m’ont acheté un accordéon ; à 8 ans, une guitare », nous confiait-il en juin 2013. « J’allais à l’académie de musique, je suivais des cours particuliers à Wavre. Je prenais le bus, avec mon papa, de Court-Saint-Etienne à Ottignies ; ensuite, on prenait le train jusqu’à Wavre, et puis, on faisait encore quelques kilomètres à pied. Mes parents m’ont toujours aidé (...) .Ils ont assisté à mon succès, mais ils étaient très discrets. J’ai pu offrir une nouvelle voiture à mon père, une maison à mes parents. »

À 13 ans, en difficulté scolaire, Francesco décide de quitter l’école pour se consacrer entièrement à sa passion, la musique. « J’ai commencé à l’âge de 15 ans, je chantais dans les bals du samedi soir », disait-il en 2013. « Je touchais entre 500 et 600 FB (15 euros) pour six heures de bal. Trois fois par semaine, je faisais du stop de Court-Saint-Etienne à Haine-Saint-Pierre (La Louvière) pour aller répéter avec l’orchestre « I Moretti ». À 18 ans, j’ai été professeur de musique. »

Francesco a aussi été maçon et mécanicien de vélos. « J’ai longtemps ramé ! » Dans les années 70, sous le nom de Claude Barzotti, il enregistre plusieurs 45 tours, mais le succès n’est pas au rendez-vous. « J’ai écrit « Madame » en 1973. La chanson est sortie en 1974 et elle n’a pas marché. (NdlR : elle deviendra un énorme succès quelques années plus tard). En 1978, en hommage à Claude François, j’ai enregistré la chanson « Muriel », je n’ai vendu que 250 disques. J’ai donc décidé d’arrêter ma carrière. En réalité, elle n’avait jamais débuté. »

Mais la chance va finir par lui sourire. Claude Barzotti entre chez Vogue, la maison de disque qui dirigée par Roger Meulemans, d’abord comme représentant, avant de devenir directeur artistique. « J’avais 22 ans ! Un jour, je reçois un coup de téléphone de deux producteurs de Paris (les frères Celie, ndlr). » Les deux producteurs veulent absolument le rencontrer.

le début du succès

Claude Barzotti n’avait pas d’argent, mais convaincus par son talent, les deux producteurs lui envoient le billet de train par la Poste. « J’ai enregistré mon premier 33 tours. Il nous restait du temps en studio. Ils m’ont parlé de « Madame ». Comment connaissaient-ils cette chanson ? Je ne sais pas ! Et j’ai enregistré « Madame », qui se trouve sur le disque. Mais jamais « Madame » n’aurait dû sortir. C’est cette chanson qui est à l’origine de tout. Il m’est arrivé de vendre 11.000 disques de « Madame » en un jour. »

En 1983, Claude Barzotti sort son 2e album studio intitulé « Le rital ». Le texte est signé Anne-Marie Gaspard, une journaliste liégeoise, et la musique Claude Barzotti. « Avec « Le rital », je vendais en moyenne 25.000 disques par jour, je suis entré dans le Guiness Book des records. Un jour, on en a vendu 28.000 ! »

Dès 1986, parallèlement à sa carrière de chanteur, Claude Barzotti assure ses arrières avec une seconde activité: agent immobilier. « Je faisais visiter les maisons. Les gens étaient surpris que Claude Barzotti leur vende une maison. »

En 2019, il entre une dernière fois en studio. Il enregistre 10 nouvelles chansons, mais aucune maison de disques ne veut de ce nouvel album. Alors, il le produit lui-même. 25.000 exemplaires sont pressés. Mais il replonge dans l’alcool et n’est pas capable d’assurer les interviews dans les médias. En novembre 2020, il arrête sa carrière.

Il s’est éteint ce samedi à son domicile de Court-Saint-Etienne, à la suite d’un cancer généralisé. Après plusieurs semaines d’hospitalisation à l’hôpital Erasme de Bruxelles, Claude avait décidé, en mars dernier, de finir ses jours à la maison. Il avait 69 ans.

 

Il était très honnête: « C’est très difficile d’arrêter de boire » 

Claudio barzotti a paris le 18 octobre 2012 a

Nous sommes en 2011. Claude Barzotti sort « Une autre vie », son nouvel album studio, et « C’est mon histoire », un double best-of reprenant 40 de ses plus grandes chansons. Nous sommes le 17 novembre 2011. Il est 15 heures lorsque je le trouve dans la petite maison qu’il habite alors à Court-Saint-Etienne. Claude m’accueille chaleureusement et avec un grand sourire. « Je suis content que tu sois venu ! », me dit-il en me serrant dans ses bras. Je suis moi aussi heureux de le retrouver.

Barzotti deces 03

S’il a le visage bien rasé, Claude a la mine fatiguée et de très petits yeux. Je lui propose de revenir le lendemain, mais il insiste pour que nous restions.

Sur « Une autre vie » figure une chanson qui occupe une place importante dans la vie de Claude Barzotti : « Je reviens d’un voyage ». « Un voyage au pays de l’alcool ! », précise-t-il alors. Si Claude essaie de se persuader en nous disant qu’il a alors arrêté de boire, il n’en demeure pas moins honnête avec nous.

« (...)J’entame une nouvelle vie. J’ai arrêté de boire. J’ai eu beaucoup de problèmes avec l’alcool. J’essaie de tourner la page. Ce n’est pas facile… C’est une maladie très grave. La première chanson de cet album s’appelle « Je reviens d’un voyage ». (Il chante.) « Je reviens d’un très long voyage. J’ai jeté mes bouteilles à la mer. » J’ai jeté mes bouteilles à la mer, mais ce n’est pas facile. C’est la première chanson que j’ai écrite parce que j’ai des problèmes d’alcool, et je ne m’en cache pas. C’est très difficile de s’en sortir. »

« C’était un enfer », nous expliquait-il alors. « C’est très dur de se séparer de l’alcool. Ça a été très difficile. Je ne peux pas dire que je m’en suis sorti. Si je disais ça, je mentirais. J’espère m’en sortir. J’espère… C’est un combat de tous les jours. Quand je me lève le matin, je me dis : Je ne vais pas boire, je ne peux pas boire. Actuellement, ça va presque bien ! » Presque bien… Car Claude a déjà rechuté. Et Claude rechutera encore.

Le 28 juin 2013, à quelques jours de son 60e anniversaire, pour une interview pour « Le Soir magazine » (numéro du 17 juillet 2013), Claude m’ouvre une nouvelle fois son cœur. Je le retrouve dans sa nouvelle maison, la mine détendue, les traits décontractés, avec un magnifique et large sourire.

« douze cures »

« Ça va mieux ! Mais l’alcoolisme est une maladie très grave. Quand un alcoolique dit qu’il ne boit plus, ce sont des paroles d’ivrogne. Ce n’est pas facile de s’en sortir. Moi j’ai tout fait pour arrêter. Douze cures! (...)

Claude ira jusqu’à avaler six bouteilles de whisky par jour. « Comment mon corps a-t-il pu supporter ça ? Personne ne le sait ! » Le pire, c’est que Claude n’a jamais aimé l’alcool. « Le whisky c’était pour me défoncer. Je pense que j’étais mal dans ma peau. J’ai plongé sur un verre, deux… Puis, c’est devenu la bouteille, puis la deuxième… Et les autres ! Le problème est de ne plus savoir s’arrêter. »

Le 1er verre...

« J’ai bu mon premier verre d’alcool à 32 ou 33 ans. On me remettait un Disque de Platine, à Paris, en présence de Michel Drucker. J’étais très timide, je n’osais pas affronter les gens. Un garçon est passé avec un plateau : du jus d’orange, de l’eau et deux whiskys. Sans savoir pourquoi j’ai pris un whisky. Cinq minutes après, je me suis senti bien. J’étais très à l’aise, je parlais avec tout le monde… Je suis tombé dans un piège. L’alcool m’a conduit en enfer. »

 

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