Publié le 11/06/2012
Par Cécile Andrzejewski
Claude Barzotti
et dans le cœur
et dans le geste
Claude Barzotti était samedi soir à Saint-Estèphe. D'une voix douce, teintée d'un léger accent, et en riant, il a répondu à nos questions avant de monter sur scène.
«Sud Ouest». Quel effet ça fait de jouer autant dans des petites salles que dans des salles immenses ?
Claude Barzotti. J'aime autant les théâtres, parce que quand c'est trop grand, c'est impersonnel et le son n'est jamais très bien. Par contre, quand je joue dans des théâtres de 800 ou 1 000 personnes, je trouve ça très intime. En plus, je peux jouer de la guitare ou du piano sur scène.
Racontez-nous un peu l'aventure « Âge tendre et têtes de bois »?
Quand ils m'appelaient pour faire la tournée, ça me faisait rire parce que je suis quand même une ou deux générations plus jeune qu'eux. Et puis, un jour avec un copain on est allés voir le spectacle. Demis Roussos a commencé à jouer. Un grand bonhomme ! Avec un orchestre inimaginable, une sono fantastique ! Je suis sorti de là enchanté. Quatre heures de spectacle, que des tubes ! J'ai complètement changé d'avis et j'ai fait la tournée. J'étais parti pour un an, finalement j'en ai fait trois. Pas plus parce que j'ai recommencé tout seul, ce qui est quand même plus plaisant. Mais c'était vraiment très bien. J'ai rencontré des gens fabuleux, comme par exemple Éric Charden, qui, malheureusement, est parti. On a même écrit une chanson ensemble et on l'a chantée, je l'ai dans ma voiture !
Comment votre nouvel album est-il reçu ?
Le problème, c'est que le métier de la musique a beaucoup changé. Dans le temps, il n'y avait que trois radios : RMC, Europe 1 et RTL. Si on avait une très bonne chanson qui passait sur ces radios, on était presque sûr de faire un tube. Aujourd'hui, il y a tellement de radios, de télés… Et il y a le téléchargement aussi. Tout a changé. Ils ont peur de l'audimat. Par exemple, quand j'ai sorti mon album, je suis passé à la télé mais j'ai dû chanter les chansons d'il y a vingt ou trente ans. Et ils disent « Monsieur Barzotti vient de sortir son nouvel album », ils le montrent mais on ne l'entend pas. Donc on a beaucoup plus de mal à vendre.
Parmi toutes vos chansons, vous devez en préférer certaines…
En tous cas, ce n'est pas « Le Rital » (rires) ! Les gens attendent cette chanson dès que je monte sur scène, c'est normal. Mais il y en a d'autres bien plus belles. Notamment une chanson que j'ai écrite pour exprimer l'amour que j'avais pour ma mère, qui s'appelle « J'veux pas que tu partes » ou une autre, écrite pour mon père. Par contre, « Madame », comme c'était mon premier succès et que j'avais vingt ans quand je l'ai écrite, je l'aime bien.
Dans votre nouvel album, vous chantez « Je reviens d'un voyage » où vous évoquez vos problèmes avec l'alcool.
Je n'ai jamais fumé, je ne me suis jamais drogué. J'ai bu mon premier verre à 32 ou 33 ans pour fêter un disque d'or ou un disque de platine. J'ai bu pour affronter les journalistes, j'avais peur. Et puis ça a été l'escalade, je suis tombé dans l'alcoolisme. J'ai fait beaucoup de cures et j'ai appris que c'était une maladie. Avant j'étais gêné d'en parler mais j'ai réalisé que j'étais malade. Maintenant, ça va, je tiens le coup. Ça m'a causé quand même pas mal de problèmes. Comme je l'ai écrit, « Je reviens d'un long voyage, j'ai jeté mes bouteilles à la mer », même si de temps en temps elles reviennent… La chanson est vraiment vraie, surtout quand je dis que « je reviens d'un voyage où j'ai connu le pire ». Il faut lire le texte, c'est la vérité.
Une autre chanson a fait polémique, « La France est aux Français ».
J'ai écrit une comédie musicale qui n'est toujours pas sortie, « Les Nouveaux nomades ». Elle parle de l'immigration et du racisme.
Les producteurs m'ont dit que c'était une superbe comédie musicale mais où il n'y avait que des gentils. Il fallait un méchant, un homme d'extrême droite. Comme c'est moi qui écris toutes les chansons, je les chante toutes pour que les artistes puissent les apprendre. Quelqu'un a mis cette chanson-là sur Internet, ça fait dix ans que ça dure. J'ai fait beaucoup de procédures judiciaires que j'ai gagnées à chaque fois.
Le tribunal a toujours décidé de l'enlever d'Internet. Heureusement, en spectacle je n'ai jamais eu de problème. Sauf parfois des gens qui me disent " Cette chanson, elle est magnifique ! ". Là, c'est délicat, je leur explique que ce n'est pas du tout ce que je pense et que ce sont les paroles d'un personnage extrémiste de la comédie musicale, que ça a été sorti de son contexte.