Barzotti nous parle de ses démons
Claude Barzotti est en ce moment en tournée avec “Âge tendre et têtes de bois”.
Le chanteur aux dizaines de succès est adulé par les foules.
Mais l’artiste lutte également au jour le jour contre son addiction à l’alcool.
Interview-vérité.
PROPOS RECUEILLIS PAR Letizia Virone
Claude Barzotti reste dans toutes les mémoires comme le chanteur à femmes des années 80. Il a chanté “Le Rital”, “Madame” ou encore “Aime-moi”. De succès en succès, il est devenu l’un des artistes francophones les plus connus de sa génération. Son charme et sa voix aux accents du Sud ont envoûté le public de variété française. Pourtant, l’homme n’a pas une vie facile. Il a dû se battre pour atteindre les sommets. Inconnu avant ses trente ans, le bel Italien a été projeté sur le devant de la scène alors qu’il avait abandonné tout espoir de succès. Il devient alors riche et adulés, surtout du public féminin. Mais la gloire a son revers. Cette rencontre soudaine avec la lumière des projecteurs ne fut pas toujours facile pour Claude Barzotti. Il avoue avoir subi une pression intense. Un stress qui l’a fait basculer dans les affres de l’alcool. Il y a quelques mois, le chanteur semblait aller mieux. Sa chanson “Je reviens d’un voyage” racontait son combat contre sa pire ennemie : la boisson. L’homme n’a d’ailleurs jamais caché ses problèmes d’alcoolisme. Il lutte depuis des années contre son addiction à la boisson et l’assume. En ce moment, l’artiste est en tournée avec “Âge tendre et têtes de bois” (qui rassemble des anciennes gloires de la chanson française). Il enchaîne également les galas un peu partout
en Europe. En plus de son travail, Barzotti mène un combat au jour le jour contre lui-même.
Il y a quelques mois, vous disiez avoir repris votre vie en main. Est-ce toujours le cas ?
Je continue du moins à m’accrocher. Je fais partie de la tournée “Âge tendre et têtes de bois” et je fais énormément de galas. Je travaille beaucoup. Je prépare d’ailleurs un nouvel album. Les fans y découvriront des chansons d’“émotion”. J’y évoque mes problèmes, mes réussites et mes défaites.
Vous parlez de vos échecs. Vous pensez à quelque chose en particulier ?
Je n’ai jamais caché avoir un problème avec l’alcool, et ce depuis des années. C’est un combat de tous les jours. Cette maladie me suit depuis très longtemps, et je n’arrive pas toujours à me battre. Aujourd’hui, je vais beaucoup mieux. Mais on ne guérit jamais vraiment de ce mal. C’est déjà bien de tenir quinze jours sans boire un verre. C’est vraiment une maladie de merde.
Vous avez tout pour être comblé. Comment êtes-vous tombé dans l’alcoolisme ?
Vous savez, je n’ai pas touché à l’alcool avant mes 30 ans. J’ai commencé à boire avec le succès. Le pire, c’est que j’ai horreur de l’alcool, vraiment. Mais j’en ai petit à petit eu besoin pour me détendre et me sentir assez bien pour monter sur scène. Pour cela, un verre était idéal. Je n’ai par contre jamais touché à la drogue ou autres saloperies du genre. Mais la boisson ! Il y a eu une vraie escalade et je suis devenu complètement accro.
Alors, pour vous, aujourd’hui, participer à la tournée “Âge tendre et têtes de bois”, cela ne doit pas être facile…
C’est une tournée dans laquelle tous les chanteurs sont des costauds. Je dois être au top et je ne peux pas me laisser tenter. Pourtant, j’ai une pression énorme. Je passe après Isabelle Aubret, qui a un succès énorme. Cela me met énormément de pression sur les épaules.
Vos proches ne vous aident pas à tenir le coup ?
Tout le monde essaye de me soutenir. Mes collègues sur la tournée, mes amis, ma famille… Mais je suis un célibataire endurci. Quand je rentre chez moi, je suis seul. C’est facile de se laisser tenter, à l’abri des regards. Et puis, si un homme veut vraiment un verre d’alcool, il se débrouillera pour le trouver. Par tous les moyens !
Il y a quelques mois, vous parliez d’écrire une biographie. C’est encore à l’ordre du jour ?
Absolument. Mais j’ai aussi d’autres projets. D’abord, je participe à la tournée “Âge tendre et têtes de bois”. Ce sera ma dernière année, je crois. Après trois ans, j’ai envie de repartir seul. Je prépare aussi un album, en français, bien sûr. Avec peut-être une ou deux chansons en italien. Des chansons toujours fidèles à mon style. Je n’aime pas qu’on dise de moi que je suis un chanteur de charme. Je préfère parler d’émotion. Mes plus belles chansons, je les ai écrites en hommage à des personnes ou des lieux que j’aime.
Si vous deviez retenir une chanson, cela serait “ Le Rital”, non ?
Oui, quand je touche les droits d’auteur (rires). Sérieusement, j’ai écrit des chansons beaucoup plus belles. Sur ma mère, l’amitié, ma fille ou encore mon village natal, en Italie.
Vous restez un Italien pur et dur !
C’est un pays que j’adore, c’est vrai. Mais je ne pourrais jamais y vivre. Et puis, le succès, je l’ai connu ailleurs : en Europe et surtout au Canada. J’ai été adopté par les francophones. J’ai “ma” Belgique, maintenant. J’aurais sans doute aimé percer dans mon pays d’origine, aussi. Mais cela ne s’est pas fait. Tant pis. Il faut laisser la place aux jeunes…
Justement, cette nouvelle génération, vous la trouvez comment ?
(Silence). C’est de la merde. Je n’adhère pas du tout. Je n’ai rien compris aux Victoires de la Musique, cette année. Je ne connaissais aucun des gagnants. Vous verrez, en 2030, il n’y aura plus de tournée “Âge tendre et têtes de bois”. Personne ne voudra payer pour voir ces gens. Je suis peut-être ringard. Mais je préfère faire partie de ces gens-là que du groupe des branchés qui n’attire personne. Cela dit, j’aime beaucoup Grégoire. Et je trouve Christophe Willem extraordinaire.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Tant que je pourrai chanter, c’est ce que je ferai. Ce n’est pas mon travail, c’est un hobby. Une passion qui dure depuis que l’on m’a offert un accordéon, à 6 ans. J’ai été professeur de musique à 17 ans. Une fois, seulement, j’ai décidé de tout plaquer. Juste avant de devenir célèbre. J’ai fait une pause de deux ans. À l’époque, je pensais en avoir terminé avec la chanson. Mon dernier disque s’était vendu à 300 exemplaires ! Et puis, des producteurs sont venus me chercher. Ils croyaient en moi. J’ai d’ailleurs pensé à une mauvaise blague, au début. Mais non. C’est l’histoire de ma vie. Ce sont toujours des gens bien inspirés et doués qui m’ont fait de belles propositions. J’ai eu de la chance. Il en faut toujours, pour réussir dans la vie…