Madame, Le Rital, Je ne t’écrirais plus, Aime-moi… Claude Barzotti nous a gratifiés de quelques tubes au cours de sa carrière. Le chanteur italo-belge a passé son enfance près de Pesaro sur la côte Adriatique italienne avant de s’installer dans son pays natal (il est né à Châtelineau) à 18 ans. Celui qui devait célébrer ses 70 ans ce 23 juillet, avait particulièrement marqué les années 80 – son tube Madame a été vendu à plus de 1,7 million d’exemplaires – après avoir travaillé durant neuf ans comme directeur artistique chez Vogue. S’il n’a pas connu le même succès les décennies suivantes, il s’est pourtant toujours accroché à cet univers musical cher à son cœur. Résultat ? 20 albums et encore plus de tournées (dont celles d’Âge tendre en fin de carrière), des émissions de télévision et même l’ouverture de restaurants italiens à Bruxelles et en Brabant wallon…des concerts de solidarité à gogo (l’homme avait le cœur sur la main et était l’artiste belge qui récoltait toujours le plus de dons auprès des fans). "J’aime chanter pour ce genre de cause, nous confiait-il lors d'un concert au profit d'enfants lourdement handicapés. Car, je suis peut-être une grande gueule, mais je suis quelqu’un de sensible. Je suis triste pour eux et ça me fait même pleurer. Alors, si je peux les aider, même qu’un peu. J’en fais beaucoup de concerts pour rien. Je ne demande pas un centime et pourtant je coûte très cher(sourire) !”
"Le plus fauché, c'est moi!"
L’interprète de Je suis rital et je le reste, reste d’ailleurs fidèle à sa famille. “Ça fait 34 ans que je paie tout à ma famille, à commencer par leur voiture, poursuivait celui qui nous a quittés à 69 ans. Le plus fauché, c’est moi. Je donne beaucoup d’argent. J’en ai gagné beaucoup mais il ne m’en reste plus beaucoup non plus...” Comment faisait-il pour survivre financièrement alors ? “J’ai eu la chance d’écrire des bonnes chansons, nous confessait Claudio, pour les intimes. C’est le bon Dieu qui me souffle les paroles (sourire). Les musiques, je n’ai jamais compris mais j’ai une facilité incroyable. N’importe quel texte, en 3 minutes, j’ai la musique. J’ai la chance, aussi, de marcher très fort au Liban (il y va 6 fois par an, NdlR) ou au Canada où j’ai été 87 fois ! En 1985, j’étais le numéro un absolu. Céline Dion a même fait ma première partie cette année-là. Maintenant, je lui ai demandé de balayer ma scène mais elle ne veut pas(rire)! Non mais je suis le seul Européen qui remplit toutes les salles. Sans doute, parce que je suis gentil et que j’aime bien un petit peu taquiner les gens. Mais gentiment hein !"
Il avait raccroché le micro
Bien que moins populaire dernièrement, il n’a donc jamais cessé de chanter. Du moins, jusqu’en 2020. Cette année-là, Claude Barzotti a annoncé qu’il mettait un terme à sa carrière lassé de ne plus pouvoir donner de concerts à cause de la crise sanitaire, mais aussi à cause de ses gros problèmes de santé (pancréatite et opération des reins). “J’y pense depuis le mois de mars déjà, depuis l’apparition de ce virus”, nous avait-il confié le lundi 9 novembre 2020. “J’ai dû annuler environ quatre-vingts spectacles”. L’artiste nous avait ensuite expliqué qu’il faisait régulièrement des allers-retours entre chez lui et l’hôpital. “Ça m’épuise énormément. J’ai des problèmes au foie, au pancréas, à l’estomac. […] Sans parler de mes ennuis récurrents avec l’alcool qui ne sont pas totalement réglés.” Sûr de sa décision et “essoufflé” suite au Covid, Claudio – pour les intimes – nous assurait qu’il n’avait” plus la force ni l’envie de chanter”. “Je sais que je suis épuisé et que je ne pourrai plus jamais remonter sur scène. Ça fait 40 ans que je chante, je pense que j’en ai assez fait. ” Et ce père (et grand-père) de famille de conclure : “Je pense que j’ai fait une carrière honorable, une belle carrière. J’ai eu beaucoup de numéros 1, de très gros succès populaires. J’ai offert aux gens, à mes fans, que je remercie beaucoup de m’avoir suivi pendant ces 40 ans, des chansons qui leur procurent encore du bonheur, c’est une grande satisfaction pour moi.”
Les médecins de Claude Barzotti étaient “de moins en moins optimistes”
En décembre 2020, Claude Barzotti avait ensuite accordé une interview à France dimanche dans laquelle il faisait part de son inquiétude sur son état de santé. “Je ne tiens même plus debout… Je suis gravement malade. Je souffre actuellement d’une terrible pancréatite (inflammation du pancréas, NdlR) qui m’oblige à me rendre tous les jours à l’hôpital”, avait-il indiqué, avant d’affirmer qu’il y séjournait parfois plusieurs nuits d’affilée. “En fait, ça fait plus d’un an que j’y passe tout mon temps pour des problèmes liés également au foie, à l’estomac et au cœur. Pour mes problèmes d’alcool aussi. Les médecins sont de moins en moins optimistes. Ils m’ont annoncé que ça devenait très compliqué et qu’ils n’avaient jamais vu ça”, avait-il conclu, désemparé.
Nourri quotidiennement aux médicaments depuis quelque temps (avec une personne à son chevet pour les lui administrer), son état de santé empirait et il ne comptait plus les allers-retours jusqu’à l’hôpital Erasme. Verdict ? Son cancer du pancréas, aggravé par l’alcool, s’est généralisé… Mais comme il nous l’avait toujours confié, il préférait mourir chez lui entouré de ses chiens.
La dernière fois que nous l’avions croisé, c’était aux obsèques de son grand ami, le Grand Jojo, en décembre 2021. Il semblait déjà fortement affaibli et amaigri mais surtout très attristé par la perte de son ami même s’il nous confiait qu’il avait eu une “belle mort” en partant sans savoir qu’il était parti.
”Jusqu’à 10 bouteilles de whisky par jour” : Confessions sur ses déboires
Depuis des années, Claude Barzotti entretenait une relation compliquée avec l’alcool aggravant sa pancréatite. En 2017, on lui posait cette question alors qu’il avait eu une belle carrière et gagné beaucoup d’argent : Que vous manque-t-il alors pour être heureux ? Et sa réponse était sans équivoque… “Ben, en fait, je suis malheureux. Je suis honnête avec vous, je suis vraiment malheureux. Je ne sais pas pourquoi. Ce n’est pas parce que ça marche que vous êtes heureux. Moi, je suis triste tout le temps, je passe ma vie à pleurer. Mais on va essayer de résoudre un peu le problème.”
S’il mettait beaucoup d’espoir dans son nouvel album, ses problèmes d’alcool et de santé étaient loin d’être fini… “Je vais vous dire la vérité car je n’aime pas mentir… Avant, je buvais 7 à 8 bouteilles de whisky par jour. Depuis 2 ans, plus aucune goutte. Mais tout se remplace par quelque chose. Je bois donc encore une bouteille de vin blanc par jour. J’ai eu un coup de blues et je suis tombé dans l’alcool… alors que je n’avais jamais bu un verre de ma vie. C’est con, hein ? Tout le monde fume le joint dans le show-business. Moi pas. Mais l’alcool, c’est pire, car tu deviens con. J’ai été jusqu’à 10 bouteilles de whisky par jour…”
Conscient du problème (”J’ai failli crever… On m’a enlevé un rein”), l’artiste semblait se reprendre en mains pour éviter la rechute. “L’alcool fort, je ne veux plus en boire. C’est fini, terminé. L’alcool a quand même détruit ma carrière et m’a détruit tout court. C’est triste car j’ai tout abîmé. Car l’alcool rend con…”