Culture - Musique
Les Nuits Nostalgie sont de retour au Casino du Liban qui accueille également et jusqu’en avril
une série de concerts produits par StarSystem et 2U2C.
OLJ / Par Béchara MAROUN, le 22 février 2025

Les Libanais seraient de grands nostalgiques. De quoi ? « Du temps où c'était bien », peut-être, et ils le vivent en musique depuis 2014 avec Les Nuits Nostalgie, qui ont accueilli au Casino du Liban des stars autrefois populaires comme Claude Barzotti,
Bernard Sauvat, Hervé Villard, Didier Barbelivien, Michel Fugain ou encore François Valéry et Richard Clayderman. Le weekend dernier, c’est le pianiste Raul Di Blasio, fou amoureux du Liban, qui a affiché complet lors de deux soirées placées sous le signe de la Saint-Valentin. Et ce sera au tour de Michèle Torr (Emmène-moi danser ce soir) et de Jean-François Michael (Adieu jolie Candy) de renouer en duo avec leur public libanais les 22 et 23 mars.
Un engouement explicable ? Pour Claude Kawas, directeur de la radio Nostalgie et COO de 2U2C qui coproduit avec StarSystem les Nuits Nostalgie, « ces soirées qui sont essentiellement inspirées des années 1970, 1980 et 1990 rappellent aux Libanais leurs plus beaux souvenirs de ces décennies, leurs nuits d’antan ». «Ces artistes ne sont plus tendance en France, mais ils ne meurent pas, explique Claude Kawas. Ils plaisent encore à un grand public au Liban, et leurs chansons touchent nos auditeurs quand elles passent à la radio. Il est donc normal de capitaliser sur ce succès, surtout que nous voulons continuer à encourager la francophonie et préserver cette ambiance libanaise francophone. » S’il note également un enthousiasme libanais pour les oldies, Amin Abi Yaghi, président de StarSystem, relève toutefois que le public cible de ces soirées est un public approprié au Casino du Liban, souvent des habitués des lieux, et ils y célèbrent des occasions diverses comme la Saint-Valentin, Pâques ou la fête des Mères. « Quand nous organisons deux soirées, ce sont 1000 chaises à remplir au théâtre du Casino et 700 chaises à la Salle des ambassadeurs, explique-t-il. Du moment où un micropublic de 1200 spectateurs répond fidèle à ces concerts, le projet est viable. Pourtant, je dois avouer que cela devient de plus en plus difficile d’année en année, et cela va le devenir davantage, car cette génération grandit. En 2014, quand nous avons lancé le projet, nous pouvions espérer vendre plus de 2 500 billets par artiste et rajouter plus de 2 dates. Ce n’est plus le cas. »
Ce qui fait par ailleurs que le business model fonctionne, c’est que les cachets de ces artistes heureux de renouer avec la scène sont appropriés au marché libanais, et que les promoteurs sont plus aptes à prendre des risques avec eux, en cas d’un chamboulement sécuritaire qui nécessiterait un report ou une annulation de l’événement. C’est d’ailleurs le cas avec les concerts de cet hiver initialement prévus en novembre et perturbés par la guerre. Parmi ceux de l’année dernière annulés à cause du conflit à Gaza, certains ont été reportés comme le concert de Chris de Burgh qui s’est finalement produit en juin. D’autres, comme Garou, attendent 2026 pour que « les choses soient plus sûres ».
« Certains ont peur de revenir au Liban, confie Amin Abi Yaghi, mais Chris de Burgh ou Raul Di Blasio qui sont des habitués, montrent plus de courage. Financièrement, un report ou une annulation sont gérables s’ils se passent bien en amont de la date du concert, mais cela reste un vrai casse-tête quand nous voulons inviter des artistes étrangers. Sans oublier les taxes qui deviennent catastrophiques pour le commerce. Entre la TVA, la Sasem, les taxes pour les syndicats, celles sur les contrats et les visas, c’est parfois 40 % du chiffre d’affaires, et nous n’avons pas vraiment augmenté les prix des billets qui sont très abordables. Certains croient que ce business est simple et peuvent s’y lancer, mais en réalité, nous capitalisons sur notre expérience de plus de trente ans dans le domaine pour savoir quels concerts organiser. Qui, quand et comment ? Sinon, cela peut rapidement virer au cauchemar. Heureusement, nous pouvons toujours compter sur la volonté des Libanais de profiter de la vie et sur le soutien indéfectible du Casino du Liban »